La guerre ouverte entre ERC et Junts continue de serrer le bras du président du gouvernement, Pedro Sánchez. La Moncloa est l’otage de la bataille pour la Generalitat de Catalogne, mais aussi de celle menée à titre personnel par Carles Puigdemont et Oriol Junqueras, comme on l’a déjà vu dans la négociation de l’accord d’investiture de Sánchez. Hier, un autre chapitre s’est encore produit à propos de la rencontre que le président de la Generalitat, Pere Aragonés, doit avoir le 21, avec le chef de l’Exécutif. Le secrétaire général de Junts, Jordi Turull, l’homme de Puigdemont en Espagne, a annoncé qu’il y aurait également une « véritable » rencontre entre Puigdemont et Sánchez. « pour parler de la négociation et approfondir la résolution du conflit politique »a-t-il expliqué sur TVE et Radio 4. Ces déclarations interviennent après que Puigdemont et Sánchez ont évité de se saluer mercredi au Parlement européen.
Junts assure que cette réunion a déjà été convenue et la réponse de Moncloa a été de faire allusion au fait que Son ordre du jour est public et transparent et ne comporte aucune date de clôture marquée. pour cet entretien. Mais tous les porte-parole du gouvernement, y compris le président Sánchez, qui ont dû évoquer cet éventuel entretien, sans médiateur, n’ont pas exclu qu’il puisse avoir une date ultérieure. Le refus de la réunion par la porte-parole du gouvernement, Pilar Alegría, a été expressément rectifié par Turull, qui lui a reproché de ne pas avoir été au courant de cette réunion convenue avec le secrétaire d’organisation du PSOE, Santos Cerdán.
Le choc de cette future rencontre entre Sánchez et Puigdemont fait partie de cette fine pluie avec laquelle l’opinion publique est irriguée par différents canaux officiels et officieux pour normaliser l’amnistie et autres concessions avec le mouvement indépendantiste qui découlent de l’accord d’investissement. L’entretien entre Sánchez et Puigdemont implique une détérioration de l’image du leader socialiste, mais ce serait la moindre des choses si on la mesure avec l’érosion institutionnelle de la présidence du gouvernement. Surtout si elle est célébrée avant le retour de Puigdemont en Espagne car l’amnistie est devenue effective. Et pour y parvenir, il reste encore un long chemin à parcourir.
Puigdemont n’envisage pas de retourner à Barcelone alors qu’il y a le moindre appel en attente de résolution, selon des sources hautement fiables dans son environnement. Il ne suffira donc pas que la loi d’amnistie soit approuvée, car elle ne veut pas de risques, ce qui allonge considérablement le calendrier pour que la réunion convenue puisse se tenir dans des conditions d’une certaine normalité, dans le cadre du caractère exceptionnel qui accompagne tout le processus. .
Ceci est lié à la campagne du mouvement indépendantiste contre les juges, qui cherche à les invalider et à limiter ces ressources, comme la possibilité de soumettre une question préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne. C’est l’une des voies que peut emprunter la Cour suprême si elle comprend que la future loi d’amnistie n’est pas compatible avec les principes du traité de l’Union. Différents porte-parole indépendantistes font déjà campagne pour véhiculer au niveau international l’image que l’Espagne est aux mains d’une justice politisée et tergiversante. Et les juges estiment qu’il s’agit d’une stratégie d’extorsion, et que ce qu’ils cherchent c’est de les intimider pour qu’ils ne remettent pas en question le contenu de la norme qui sort du Congrès avec la majorité des investitures : leur colère est également dirigée contre la coalition. gouvernement, qui lui reproche de ne pas les défendre, mais de soutenir les accusations de ses partenaires.
Dans la poudrière de l’affrontement entre Junts et ERC, la date des prochaines élections régionales catalanes pèse également. Le pouvoir de les convoquer est le président de la Generalitat, Pere Aragonès. mais Junqueras prévoit qu’elles auront lieu au dernier trimestre de 2024. Ces élections pourraient affecter la stabilité du Parlement de Sánchez, même en supposant qu’il y ait un tournant, que la Moncloa atteigne son objectif de Salvador Illa comme futur président de la Generalitat ou qu’elle échoue dans le défi.
Moncloa est convaincue que la normalisation de Puigdemont aidera Illa à atteindre cet objectif, même si d’autres secteurs du parti se demandent si le leader socialiste bénéficiera réellement le plus d’une politique qui a réhabilité Puigdemont et la cause souverainiste après qu’ERC ait fait le chemin vers le pragmatisme. de politiques progressistes.
D’ailleurs, la conjoncture d’une éventuelle rencontre entre Sánchez et Puigdemont, au-delà de ce qu’elle peut signifier à court terme d’usure pour le Président du Gouvernement, a une plus grande valeur dans le projet de créer dans l’imaginaire populaire l’idée qu’Il construit un mur contre le fascisme, là où ils ont mis le PP et Vox.
Ce mur devrait couvrir, selon l’idée de Moncloa, les changements de modèle territorial qui pourraient découler des nouvelles alliances des socialistes et leurs conséquences sur les relations entre la Navarre et le Pays Basque. Cette clôture pour empêcher l’entrée de la droite bénéficie de l’aide de Vox, que Moncloa considère comme le meilleur allié pour apprivoiser son propre peuple et garantir que personne ne quitte le mur ou ne doute de son utilité.