Huit ans après la vague migratoire en provenance de Syrie et d’Irak qui a mis à rude épreuve le système d’accueil basé sur la réglementation de Dublin qui établit que le pays par lequel la personne est entrée dans l’Union européenne est responsable de l’examen normal de la demande d’asile, les Vingt-sept sont arrivés ce matin à l’Union européenne. pacte migratoire, qui établit un mécanisme de solidarité obligatoire pour répondre aux demandes des pays d’entrée, comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce. A deux semaines de la fin de l’année et avec un nombre record de 51 000 entrées irrégulières, L’Espagne est l’un des pays les plus intéressés par le nouveau cadre réglementaire. En fait, cet accord était l’une des priorités de la présidence espagnole du Conseil de l’Union européenne. Quelles sont les implications pour l’Espagne ?
En premier lieu, un accord a été conclu pour relocaliser un minimum de 30 000 demandeurs d’asile, refuge ou protection internationale. Désormais, une distinction est faite entre ceux qui fuient des situations de vulnérabilité, qu’il s’agisse de persécutions religieuses, ethniques, d’opinion ou d’orientation sexuelle, de ceux qui recherchent uniquement la prospérité économique. Dans le second cas, la réponse continuera à être le retour dans leur pays d’origine. Le nouveau pacte prévoit un budget pour cette solidarité partagée : 600 millions d’euros. Cette solidarité partagée est obligatoire, mais les pays peuvent choisir d’héberger ou de payer une redevance, ou encore de combiner les deux formules.
Que se passe-t-il dans les zones stressées comme les îles Canaries ?
Plus de 350 personnes sont arrivées aujourd’hui aux îles Canaries, des chiffres courants cette année en raison du nombre élevé d’arrivées irrégulières. En effet, les îles Canaries ont accueilli 118 % d’immigrants de plus que l’année dernière, dépassant les 37 000 arrivées. Avec ces chiffres, si un Etat membre affirme faire face à un afflux exceptionnel qui fait s’effondrer le système d’asile national, des mécanismes de solidarité seront mis en place avec cet Etat membre et il sera exempté de ses obligations envers les autres.
Que se passe-t-il si un pays utilise l’immigration irrégulière pour déstabiliser un pays ?
En juillet 2022, l’OTAN a accepté son concept stratégique qui cite l’immigration à des fins déstabilisatrices comme une menace hybride. L’Espagne en a récemment été victime lorsqu’environ 10 000 immigrés ont traversé massivement la frontière avec Ceuta en raison de la passivité du Maroc et des plaintes de l’Espagne et de l’UE en pleine crise diplomatique avec Rabat après la décision d’accueillir le leader de l’Union européenne. Front Polisario dans un hôpital. . Si l’Espagne devait subir une nouvelle attaque de cette nature, les Vingt-Sept ont convenu de permettre des exceptions aux procédures d’asile et aux frontières, toujours en accordant une attention particulière aux mineurs et aux personnes vulnérables.
Cela affecte-t-il les sauvetages en mer ?
Le pacte migratoire prévoit que les pays qui entreprennent des sauvetages en mer verront leurs efforts reconnus sous la forme d’un pourcentage supplémentaire de la solidarité à laquelle ils ont droit. Notre pays est responsable de la sécurité de 1,5 million de kilomètres, dont un million dans l’Atlantique, depuis les îles Canaries jusqu’à la Mauritanie, précisément là où se concentre aujourd’hui le plus grand nombre de sauvetages en bateau.
Le protocole de Dublin s’applique-t-il toujours ?
Les pays d’entrée dans l’Union européenne réclament des changements depuis des années parce que cela implique un grand effort puisque la majorité des demandes sont présentées dans le pays par lequel elles entrent en Europe et parce que l’UE interdit d’expulser les candidats pendant le traitement du dossier. Maintenant la procédure sera commune et il ne peut pas être traité par le pays où l’immigrant arrive. Le demandeur ne pourra pas choisir mais cette responsabilité pourra être attribuée à n’importe quel État membre selon que le migrant a une famille ou connaît la langue d’un autre pays. Il convient de rappeler que de nombreuses personnes arrivent en Espagne dont la destination finale n’est pas notre pays mais pour s’installer avec d’autres proches dans d’autres pays comme la France ou l’Allemagne.
Qu’en pensent les ONG ?
Ce journal a contacté le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et la Commission espagnole d’assistance aux réfugiés (CEAR). Le HCR salue « les progrès réalisés par les colégislateurs » pour parvenir à un accord politique sur le Pacte et réitère que « celui-ci représente la meilleure opportunité pour des réformes durables et sensibles en matière de protection à mener dans toute l’UE ». En outre, ajoutent-ils, « S’il est mis en œuvre avec des garanties suffisantes, il représente une opportunité de garantir une approche globale. »
En revanche, ils sont moins optimistes et assurent que « cela porte encore davantage atteinte au droit d’asile et aux droits de l’homme dans l’UE ». Ils ajoutent qu’après des années de négociations, « il y aura une réforme du régime d’asile européen commun qui, en pratique, signifiera imposer encore plus d’obstacles à l’accès à la procédure de protection internationale ». Selon lui, « ils auront moins de garanties et de droits simplement parce qu’ils viennent d’un pays ou parce qu’ils sont sans papiers ». En ce sens, ils sont très critiques à l’égard de la solidarité à la carte car ils affirment que « n’allègera pas la pression migratoire puisqu’il fixe un objectif de 30 000 relocalisations en situation de crise « Les Etats peuvent échanger leurs quotas contre 20 000 euros pour chaque personne non relocalisée. »