Le poste de contrôle des soldats de l'armée libanaise, avec un drapeau de cèdre à moitié décoloré sur les murs des points de contrôle, avertit le conducteur et les passagers qu'ils quittent une province pour entrer dans une autre. Rien ne change substantiellement dans un paysage de douces montagnes, au terrain tantôt blanchâtre et tantôt couvert de masses denses de pins – bien plus abondants que les rares cèdres –, au col de la démarcation du Mont-Liban, cœur et origine de l'actuel État libanais, pour entrer dans le sud.
Le geste des militaires envers ceux qui décident de poursuivre la route contient en un coup d'œil l'avertissement du danger dans une zone également largement inconnue d'eux où la milice chiite du Hezbollah cache dans des tunnels et lance des milliers de roquettes et de missiles dirigés vers l'ennemi juré sioniste et que Tsahal frappe avec une intensité croissante.
Ce samedi encore, les autorités militaires israéliennes ont indiqué avoir battu plus de 120 fois dans différents endroits du territoirequi se trouve à une cinquantaine de kilomètres à peine de Beyrouth vue à vol d'oiseau, qui tentait de retrouver une certaine normalité ce samedi après ce qui s'est passé cette semaine. Et que, de son côté, le Hezbollah a lancé près d’une centaine de roquettes vers son territoire.
Un petit territoire dominé par de petites populations à majorité chiite – même si, comme dans tout le Liban, il y a toujours eu des groupes chrétiens maronites et druzes – qui finira par confiner à Israël et où le Hezbollah imposera sa loi. Et là où la guerre est arrivée il y a des mois – le 8 octobre 2023, quelques heures après l’incursion des brigades Al Qassem du Hamas sur le sol israélien, lorsque le Hezbollah a décidé de lancer les premiers projectiles contre le nord d’Israël – malgré le fait que l’attention médiatique ait été depuis, il se trouve dans la bande de Gaza.
Même si, à en juger par les annonces faites par les autorités israéliennes ces derniers jours, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a assuré que la guerre était entrée dans « une nouvelle phase » et les coups durs portés par Tel-Aviv contre la structure militaire des pro -Organisation iranienne, tout indique que le pire est à venir. Les appels de la communauté internationale à préserver la paix au Liban, le dernier en date étant celui du secrétaire général de l’ONU, le Portugais Antonio Guterres, n’ont pas entamé les projets israéliens à la veille de la convocation annuelle de l’Assemblée des Nations Unies. à New York, où la possibilité d’une guerre totale de part et d’autre de la ligne bleue devient de plus en plus probable.
La vérité est que le nombre de victimes dans l'ensemble du pays, y compris les membres du Hezbollah et la population civile, qui ne cesse d'augmenter, n'est plus le résultat d'un nombre restreint et précis d'actions chirurgicales, mais plutôt le premier bilan de un horizon de guerre devant lequel personne dans ce pays n'ose regarder. Le ministère libanais de la Santé ne parlait hier après-midi que de 37 morts à la suite des bombardements israéliens dans la zone sud, au moment de mettre sous presse.
Il faut y ajouter les quatre douzaines de personnes assassinées à la suite des explosions synchronisées des « téléavertisseurs » et des « talkies-walkies » piratés par le Mossad dans un geste magistral et macabre typique d'un film hollywoodien – des sociétés écrans, ont implanté des explosifs dans le batteries – ce qui fait des milliers de blessés dans le sud du Liban, dans la vallée de la Bekaa et dans la ville peuplée de Dahiyeh, le bastion du Hezbollah au sud de Beyrouth. Le coup final de la semaine est survenu ce vendredi, lorsqu'un F-35 de Tsahal a renversé l'immeuble résidentiel dans le sous-sol duquel se cachait la direction de la brigade, dirigée jusqu'alors par Ibrahim Akil. Les autorités sanitaires libanaises ont porté hier le bilan à 37 morts, 66 blessés et une vingtaine de disparus.
Depuis l'intervention télévisée du secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Hassan Nasrallah, jeudi, dans laquelle il a promis une réponse « juste » après la chaîne d'explosions – l'attaque contre la direction de l'unité d'élite de la milice avant-hier – et poursuivre la guerre jusqu'à ce qu'il y ait un accord de cessez-le-feu à Gaza, l'organisation pro-iranienne ne s'est plus prononcée publiquement sur l'escalade de ces dernières heures.
Des médias libanais comme « L'Orient Le Jour » ont affirmé samedi matin qu'après la série de coups d'État à Beyrouth, dans la Bekaa et dans le sud, Tel-Aviv avait accordé au Hezbollah une sorte de trêve de plusieurs jours pour qu'il puisse accepter une proposition américaine. et mettre fin à leurs agressions dans le nord d'Israël et permettre le retour des plus de 100 000 habitants contraints de quitter leurs foyers. Les forces armées israéliennes ont annoncé de nouvelles restrictions pour éviter les risques dus à la possibilité que davantage de projectiles lancés depuis le territoire libanais frappent.
En l’absence d’une nouvelle intervention de ses dirigeants, la formation chiite continue de transmettre le message selon lequel, malgré le succès des opérations israéliennes et l’infériorité technologique par rapport à Israël, elle doit continuer à résister, car, en fin de compte, la Résistance est la raison. d'être d'une structure créée par la République islamique d'Iran contre la présence israélienne sur le sol libanais en 1982.
En cette heure d'incertitude, avec une nouvelle journée de bombardements sévères des forces israéliennes sur le sud du Liban et la réponse, neutralisée par le système défensif israélien, des milices pro-iraniennes contre Israël, la grande question est de savoir si Israël reviendra pénétrer avec ses troupes. soldats sur le sol libanais ou il évitera une tentation qui pourrait déclencher une guerre aux dimensions inconnues et si le Hezbollah déploiera tous ses efforts contre son ennemi avec ou sans le soutien de Téhéran.